SAISON 1991

championnat du monde des voitures de sport

équipe: Team Salamin Primagaz

principaux pilotes (Porsche No 14)

Antoine Salamin (SUI)

Max Cohen-Olivar (FRA)

Marcel Tarrès (FRA)

Pierre Yver (FRA)

pilotes additionnels

Jonathan Palmer (GBR)

Eje Elgh (SWE)

James Weaver (GBR)

Hurley Haywood (USA)

Wayne Taylor (RSA)

Vern Schuppan (AUS)

Jürgen Lässig (DEU)

Otto Altenbach (DEU)

Roland Ratzenberger (AUT)

Will Hoy (GBR)

Katsunori Iketani (JPN)

Mercedes Stermitz (AUT)

Valentino Musetti (GBR)

Tim Lee Davey (GBR)

Jürgen Oppermann (DEU)

Bernd Schneider (DEU)

John Winter (DEU)

Derek Bell (GBR)

Gianpiero Moretti (ITA)

Jürgen Barth (DEU)

Toute dernière évolution de la Porsche 962 «clients» par l’usine, avec le moteur 3,2 litres et une décoration flamboyante!

Un test comparatif de double-pneus Avon eut lieu à Hockenheim, avec Max Cohen-Olivar, Antoine Salamin et Jürgen Barth. Bien que prometteur, ce système ne fut pas utilisé en course, car plus lent que les enveloppes traditionnelles en conditions normales.

Antoine Salamin

Max Cohen-Olivar

Marcel Tarrès

Pierre Yver

LES TEMPS FORTS

Equipes privées et grands constructeurs

Les tractations entre grands constructeurs, FIA, et petites équipes avaient été intenses à l’aube de cette saison 1991. Finalement, le championnat allait pouvoir se dérouler, avec les moteurs atmosphériques de la nouvelle génération regroupant directement les grands constructeurs (Sauber Mercedes V12 / Jaguar V8 et V12 / Spice V8 / Peugeot V10 / Mazda à moteur rotatif) et les turbos, bénéficiant d’un sursis supplémentaire d’un an avec les équipes dites «privées» regroupant les Porsche (Kremer / Brun / Konrad / Salamin / Courage). Ce ne fut toutefois pas sans conséquences pour ces dernières qui virent leur allocation de carburant encore réduite et leur poids augmenter (lors des épreuves de 430 km, 950 kg pour les Porsche contre 750 kg pour les atmos de nouvelle génération!), pour les rendre moins compétitives face aux «usines». Pire, la priorité était donnée aux moteurs atmosphériques sur la grille de départ… nouveau réglement oblige! Avec une distance à parcourir par épreuve réduite à 430 km… sauf pour Le Mans bien sûr. Dans ces conditions, le plateau était fortement revu à la baisse, mais les points allaient être chèrement acquis, en particulier pour les équipes privées, n’ayant plus aucun espoir de victoire face aux grands constructeurs directement impliqués, à coups de – centaines – de millions.

Dans un premier temps, la nécessité imposait la présence d’un commanditaire capable d’aligner un budget suffisant. Pour le «Team Salamin Primagaz», ainsi renommé, ce fut fait et annoncé à Lyon le vendredi 22 février, dans le cadre de la manifestation «Euromotor». En présence de Jacques Petitjean, directeur des relations extérieures du groupe Primagaz, des deux pilotes, Antoine Salamin et Max Cohen-Olivar, rejoints pour l’occasion par Marcel Tarrès qui sera de la partie au Mans, pour officialiser la présence de l’équipe en route pour le «Mondial», avec un programme complet.

La Porsche 962 C profitait de la course de championnat suisse organisée à Dijon, en cette fin mars, pour un roulage en guise de répétition générale avant de charger tout le matériel pour l’acheminer au pays du soleil levant.

Mission accomplie dès Suzuka

L’équipe allait enfin être en mesure de faire le déplacement de Suzuka. Seul Suisse engagé pour cette première épreuve, Salamin passa tout d’abord le cap des qualifications, in-extremis, avec son coéquiper Cohen-Olivar, des problèmes de turbos n’ayant été décelés que 15 minutes avant la fin de la première séance qualificative, alors que la deuxième séance allait se dérouler entièrement sous la pluie, ne permettant donc plus aucune amélioration des temps. Ouf!

En course, c’est un véritable exploit qui allait être réalisé, où, en dépit d’une pince de freins récalcitrante ayant fait perdre 3 minutes au box (la Porsche No 14 était alors à la lutte pour la 8e place), l’équipage termina au 9e rang.

Le soir, grand repas organisé par Primagaz avec les journalistes, notamment ceux de TF1. Salamin, discutant avec Cohen-Olivar lui dit alors: «Au lieu de faire ce repas qui va coûter une fortune, Jacques ferait mieux de nous donner des pneus de qualification!» Jaques Petitjean, qui avait entendu, lui rétorqua: «Tu vois Antoine, avec ce résultat inscrivant les 2 premiers points pour l’équipe (apparaissant dès lors en 8e position du classement général), le «Team Salamin-Primagaz» figurera dans tous les classements de la première à la dernière épreuve de la saison. Dès à présent, je peux rentrer à Paris en ayant rempli mon contrat 1991 pour Primagaz, et ce, dès la première course!». Ca valait bien un repas pour «public relations» effectivement…

L’envol de Max

A Monza: 16e temps des essais devant la Porsche de Pareja / Brun, Salamin laissa Max Cohen-Olivar prendre le départ. Ce dernier tenta bien de lutter et commit une petite erreur au 16e tour, mais lourde de conséquence… En allant mordre sur la ligne blanche avant le freinage de la célèbre «Parabolica», le pilote franco-marocain perdait le contrôle de sa Porsche, tirant tout – droit en allant très violemment percuter les pneus de protection avant de pivoter et de se retourner sur le sable, à l’envers, les portes bloquées! Les commissaires tardant à se manifester, les secondes parurent une éternité pour Max, d’autant plus que des flammes commençaient à sortir des échappements… Après une bonne minute, les secouristes purent remettre le véhicule «sur ses pattes» et enfin dégager le pilote indemne mais choqué… Tout aussi scandaleux fut l’entrée tardive du «pace – car», après plus de 2 tours de flottement…

A Silverstone, Salamin / Cohen-Olivar, dont la Porsche 962 venait d’être réparée à l’usine Porsche de Weissach suite au crash de Monza, obtenaient «prudemment» le 17e rang des essais, après avoir même fait une tentative en pneus slicks alors qu’il pleuvait… et ça c’était de la folie! Autres engagés faisant leur rentrée sous les couleurs du «Team Salamin Primagaz»: Jonathan Palmer et Eje Elgh sur une toute nouvelle Porsche Shuppan, complètement modifiée par rapport au modèle original, qualifiés 15es. En course, un problème d’essence et de bougies, retarda fortement (d’env. 15 minutes) la Porsche No 14 de Salamin / Cohen-Olivar qui termina non – classée, uniquement pour vérifier que tout allait bien à bord. La 2e voiture, No 59, de Palmer / Elgh ne finit pas l’épreuve suite à un ennui de moteur.

La dernière tentation

Cette 59e édition des 24 heures du Mans symbolisait le renouveau: l’épreuve comptait cette fois à nouveau pour le championnat du monde et le circuit faisait peau neuve en s’offrant des stands flambants neufs (sur 230 m de long et 5 étages) dotés d’une infrastructure ultra-moderne (direction de course, loges des sponsors et salles de presse).

Côté réglement, les Porsche (rangées dans la catégorie 2) étaient encore plus pénalisées que pour les autres épreuves, leur poids passant à… 1000 kg, avec une consommation limitée à  2550 litres pour 24 heures  et un débit maximal de ravitaillement de 1 litre/seconde.  Pour la catégorie 1 (Peugeot, Jaguar, Mercedes, Spice…) regroupant les moteurs atmosphériques 3,5 litres, le poids restait à 750 kg et la consommation demeurait illimitée…

Si lors du pesage, sur la place des Jacobins, c’était déjà la bousculade, la foule était également présente en masse lors du week-end, où l’on comptabilisera plus de 250’000 spectateurs.

Coup d’éclat au pesage pour le «Swiss Team» qui arrive avec pas moins de… 5 voitures! Inscrites sous le nom de «Salamin-Primagaz» tout d’abord, avec les Nos 14 (Salamin / Cohen-Olivar / Tarrès) et 51 (Oppermann / Lässig / Yver), «Salamin-Shuppan» ensuite, avec les Nos 52 (Elgh / Ratzenberger / Hoy) et 53 (Haywood / Weaver / Taylor), et enfin «Salamin-Davey», avec le No 54 (Iketani / Stermitz). Avec les félicitations des organisateurs (ACO), ravis d’engranger autant de voitures supplémentaires pour faire le nombre, et une invitation de Sauber, entre suisses, saluant tous les efforts consentis par un team privé pour en arriver là…

La présentation des pilotes Primagaz avait également fière allure, avec dans l’ordre, Henri Pescarolo, Bob Wollek, Antoine Salamin, Max Cohen-Olivar, Marcel Tarrès, Pierre-Henri Raphanel, Pierre Yver, et les deux Jürgen, Oppermann et Lässig…

Le premier accroc allait être pour Lee-Davey dont la 962 allait se retrouver non-qualifiée suite à de gros problèmes dont.. le vol de l’ordinateur assurant la télémétrie pendant la nuit! Les Porsche du «Swiss Team» se qualifiaient en 25e position pour Oppermann / Lässig / Yver, en 29e pour Haywood / Waever/ Taylor, en 34e pour Salamin / Cohen-Olivar / Tarrès, juste devant Elgh / Ratzenberger / Hoy (35e), alors que Jürgen Barth avait momentanément repris le volant pour le Team Konrad (37e), mais seulement pour les essais.

En course, la Porsche No 14 était en train de remonter au classement général, mais elle allait devoir renoncer sous les coups de minuit, le moteur surchauffant dangereusement et ne laissant plus aucun espoir à ses pilotes, dont Antoine Salamin, alors à l’interview de TF1 en direct dans les boxes… Ce furent ensuite les Nos 52 et 51 qui connurent le même sort… La seule rescapée de l’équipe était celle de Haywood / Weaver / Taylor terminant l’épreuve en 13e position, mais finalement non-classée pour distance insuffisante parcourue…

Il n’y eut donc finalement que 4 Porsche (en comptant la Cougar) comptabilisées à l’arrivée sur l’armada présente sur la grille (15), mais ce ne fut pas une surprise vu les contraintes imposées… La vraie surprise viendra de la victoire d’une Mazda, à moteur rotatif, de Weidler / Herbert / Gachot devant… 3 Jaguar!

Le sursaut des Porsche

Retour aux manches de format «classique» du championnat pour terminer la saison avec celle du Nürburgring tout d’abord et ce qui aurait du être un 10e rang pour Salamin / Yver, finalement non-classés. Magny-Cours ensuite, et à nouveau une 10e place pour Altenbach / Lässig.

Entre ces deux épreuves, rendez-vous était pris (le 28 août 1991), sur le petit circuit d’Hockenheim pour des nouveaux tests de double-pneumatiques, après ceux déjà effectués en 1989. Antoine Salamin, Max Cohen-Olivar et Jürgen Barth se relayant tantôt avec les habituels Goodyear, tantôt avec les double-pneus Avon, ces derniers demeurant plus lents que les gommes américaines.

A Mexico, ce fut un réveil inattendu des Porsche terminant derrière les 2 Peugeot, et un superbe podium (3e rang) pour John Winter / Bernd Schneider, complété par une 5e place de Gianpierro Moretti / Derek Bell, inscrivant ainsi de précieux points au classement pour le «Swiss Team» renommé «Salamin-Joest» pour cette course. Autopolis allait clore le championnat par une victoire de Schumacher / Wendlinger sur Sauber Mercedes alors que Ratzenberger / Elgh étaient contraints à l’abandon. Mais cette saison se terminait plutôt bien pour le «Team Salamin-Primagaz» qui allait décrocher le 8e rang final au championnat du monde avec 25 points inscrits!

championnat du monde des voitures de sport

 

Suzuka 430 km (JPN)

date: 14.04.1991

No 14: 9e (Salamin / Cohen-Olivar)

Monza 430 km (ITA)

date: 05.05.1991

No 14: ab. (Salamin / Cohen-Olivar)

Silverstone 430 km (GBR)

date: 19.05.1991

No 14: non-classé (Salamin / Cohen-Olivar)

No 59: ab. (Elgh / Palmer)

Le Mans 24 heures (FRA)

date: 22-23.06.1991

No 14: ab. (Salamin / Cohen-Olivar / Tarrès)

No 51: ab. (Lässig / Yver / Altenbach)

No 52: ab. (Elgh / Ratzenberger / Hoy)

No 53: non-classé (Haywood / Weaver / Taylor)

No 54: non-qualifié (Iketani / Stermitz)

Nürburgring 430 km (DEU)

date: 18.08.1991

No 14: 10e (Salamin / Yver)

Magny-Cours 430 km (FRA)

date: 15.09.1991

No 14: 10e (Altenbach / Lässig)

Mexico 430 km (MEX)

date: 06.10.1991

No 14: 3e (Winter / Schneider)

No 59: 5e (Moretti / Bell)

Autopolis 430 km (JPN)

date: 27.10.1991

No 14: ab. (Ratzenberger / Elgh)

distinctions

8e au classement général du championnat du monde des voitures de sport avec 25 points

Photo de présentation pour le «Team Salamin-Primagaz» à Suzuka venu chercher un bon résultat sur le mytique tracé nippon.

Jaques Petitjean, responsable de Primagaz, était venu en personne sur la grille, aux côtés d’Antoine Salamin. Max Cohen-Olivar, au volant, avait l’honneur de prendre le départ.

De précieux points engrangés déjà dès la première épreuve pour le «Team Salamin-Primagaz»!

Max Cohen-Olivar en posture délicate à Monza: prisonnier de sa monture, tentant d’ouvrir désespérément la porte alors que des flammes commençaient à poindre… en attendant que les commissaires de piste veuillent bien remettre la 962… à l’endroit!

Deux voitures engagées à Silverstone, dont celle de Jonathan Palmer / Eje Elgh avec le No 59, pour un gallop d’essai comme préparation en vue des 24 heures.

La parade des pilotes au Mans: des instants très particuliers devant la foule des grands jours! On comptabilisera près de 250’000 spectateurs pour ce week-end…

Une grande complicité entre Max Cohen-Olivar et Antoine Salamin: deux pilotes complémentaires et efficaces, ici au Mans.

Deux Porsche du «Swiss Team» se suivant juste après le passage sous la passerelle Dunlop. Elles n’étaient pas moins de cinq inscrites aux couleurs de l’équipe suisse pour les 24 heures du Mans!

Carton plein à Mexico: 3e place derrière les deux Peugeot pour Bernd Schneider et John Winter (sur le podium, à droite), alors que Gianpierro Moretti / Derek Bell terminaient 5es! Les Porsche avaient retrouvé de la vigueur en prenant de l’altitude!