SAISON 1987

Début de saison aux commandes de la Sauber SEHCAR SHS C6

1987 marquait un tournant: Antoine Salamin, dernier champion suisse en «Voitures de compétition», inconditionnel de Porsche (marque pour laquelle il avait couru en continu depuis ses débuts, à quelques exceptions près), allait disputer cette nouvelle saison sur une Sauber Sehcar (à moteur Ford Cosworth 3,9 litres) fraichement acquise de chez Wittwer. Ce modèle rare et spectaculaire du groupe C qui naquît en 1982, avait été notamment conduit par Hans Stuck et Walter Brun, ce dernier devenant champion du monde d’endurance 1986, quelques jours après la vente de la Sauber qui sera officiellement actée en novembre de la même année. Une nouvelle saison dont le – copieux – programme était principalement axé sur l’Intersérie européenne ainsi que sur le championnat d’Allemagne, avec quelques épreuves de championnat suisse.

Pour commencer, ce fut une prise en main, lors d’une séance d’essais à Hockenheim. Wittwer était présent, tournant en rond dans les boxes et se prenant la tête: le pilote valaisan multipliait les tours de circuit sous des trombes d’eau, s’approchant déjà de la limite. Eric Van De Poele (futur pilote de F1), qui était également sur place pour des tests, s’approcha de Salamin aux boxes et lui dit: «Alors vous ce que vous êtes impressionnant!»

Hockenheim fut aussi le théâtre (en mars), d’une victoire – sans réelle surprise – en championnat suisse, comme rodage pour la suite des événements.

Premier rendez-vous en coupe d’Europe Intersérie à Hockenheim pour deux manches de 20 tours chacune, le 29 mars. Des Porsche 962 et une ribambelle de Can-Am à moteurs Ford Cosworth F1 ou BMW, constituaient l’essentiel du plateau. 60’000 spectateurs, des équipes professionelles, des primes alléchantes à toutes les étapes du meeting… voilà du changement! Une mise en route au-delà de toute attente avec une 6e place finale et une position au classement général à l’issue de cette épreuve à égalité avec un certain… Walter Lechner, déjà vainqueur de ce championnat en 1983!

Les 25 et 26 avril prenait place la première manche de la Supercup au Nürburgring: une grille digne d’une épreuve de championnat du monde et un record d’affluence de spectateurs pour le jour de la course. 10e à l’issue de la 1re course de qualification, Salamin avait le privilège (et la responsabilité!) de partir en pole position lors de la 2e course, avec une grille inversée des 10 premiers. 8e place (juste derrière Walter Brun) au classement de la course principale remportée par le champion du monde d’endurance Hans Stuck, devant Bob Wollek et Jochen Mass, tous sur Porsche 962. Comme la plupart de ses adversaires, le pilote valaisan connut quelques sueurs froides au niveau de la consommation d’essence de sa Sehcar, mais il put – quoiqu’au ralenti – franchir la ligne d’arrivée pour ainsi empocher la prime substentielle dévolue à son rang. Il faut dire que cette série (qui en était à sa deuxième année d’existence) avait tout pour plaire: se déroulant sur des distances relativement réduites d’environ 300 km (pour faciliter les retransmissions TV) proches de celles des GP de F1 et étant richement dotées (125’000 DM par événement), avec des équipes de pointe et du spectacle…

Du spectacle, il y en eut à l’AVUS (Berlin), les 9 et 10 mai, avec une magnifique 4e position sur la grille de départ pour la Sauber Sehcar SHS C6 et une vitesse de pointe d’environ 400 km/h! Un orage eut raison de la course (finalement annulée) qui ne pouvait se dérouler dans ces conditions à de telles vitesses sans risquer la catastrophe…

La suite allait s’avérer laborieuse: abandon à Hockenheim en juillet, en Supercup, et coup d’arrêt. Il s’avérait que la Sauber, au demeurant véloce, souffrait d’un mal chronique: d’importantes vibrations rendaient la conduite très difficile, et lorsque ce n’était pas l’épuisement qui guettait le pilote, le châssis avait une fâcheuse tendance à se tordre et se rompre… Même Hans Stuck, qui avait piloté l’engin à ses débuts, mit en garde Antoine: «Attention avec cette voiture, elle est dangereuse, elle se casse en deux!» Dès lors il semblait difficile de donner suite à l’aventure et il était temps de refermer la page Sauber.

C’est Jürgen Barth qui aida à prendre la décision, au Nürburgring, après un bon résultat décroché par le pilote suisse sur sa Sauber: «Qu’est-ce que c’est que cette voiture? Pourquoi c’est pas une Porsche?» Antoine répondit qu’il n’avait pas les moyens financiers pour acheter une Porsche 962 (coûtant un million de DM, sans les roues!). L’invitation pour discuter à l’usine était lancée, et la visite eut lieu en juillet, pour un nouveau départ…

championnat suisse

Hockenheim (RFA)

date: mars 1987 | No: 63

1er (Sauber C6)

coupe d’Europe Intersérie FIA

Hockenheim (RFA)

date: 28-29.03.1987 | No: 14

6e (Sauber C6)

AVUS Berlin (RFA)

date: 09-10.05.1987 | No: 14

4e position sur la grille de départ,

course annulée (Sauber C6)

Zeltweg (AUT)

date: 10-11.10.1987 | No: 14

6e (Porsche 962 C)

Supercup

Nürburgring (RFA)

date: 25-26.04.1987 | No: 40

8e (Sauber C6)

Hockenheim (RFA)

date: 04-05.07.1987 | No: 40

abandon (Sauber C6)

Nürburgring (RFA)

date: 19-20.09.1987 | No: 40

abandon (Porsche 962 C)

épreuves internationales

Kyalami (RSA)

date: 28-29.11.1987 | No: 14

6e (Porsche 962 C)

distinctions

12e au classement général de l’Intersérie

14e au classement général de la Supercup

La Sauber Sehcar allait retrouver le circuit d’Hockenheim à trois reprises (officiellement, hors essais privés), avec des fortunes diverses: en championnat suisse (1er), en Intersérie (6e) et en Supercup (abandon).

Dans les stands d’Hockenheim la Sauber se laisse découvrir de face et de dos, en attendant de passer à l’action.

8e place en Supercup au Nürburgring, avant de rejoindre Berlin pour une épreuve d’Intersérie. Une prometteuse 4e place sur la grille de départ ne put se concrétiser en course, l’épreuve étant finalement annulée pour cause d’orage.

Malgré des débuts encourageants, la Sauber ne termina pas la saison en raison de problèmes techniques: des vibrations trop importantes et un châssis qui se cassait!

C’était en préparation depuis quelques temps déjà, mais il fallut attendre la signature du contrat en juillet et la livraison de la Porsche 962 C en août, pour rebondir en fin de saison lors des ultimes épreuves!

TEMPS FORTS

Retour au bercail à bord de la Porsche 962

C’est donc en juillet que le contrat avec Porsche fut signé au centre de recherche de l’usine, près de Stuttgart. Au bout de ces négociations Porsche offrit la voiture, les pièces de rechange et une assistance technique pendant les courses. En conséquence, il fallut créer une toute nouvelle structure pour s’adapter à cet environnement: le «Swiss Team Salamin» était officiellement lancé… et à la recherche d’ingénieur, d’une équipe de mécaniciens spécialisés pour la compétition, d’un team manager, de contributeurs (sponsors et pilotes) pour les courses d’endurance à venir…

Premier round avec la 962 au Nürburgring en Supercup. Lors des essais le témoin de pression d’huile ne cessait de s’allumer. Des litres d’huile étaient déversés… Malgré cela Jurgen Barth dit à Antoine de continuer… et tant pis pour le moteur, qui explosa en vue de la ligne d’arrivée!

Après cette prise de contact éphémère, c’est sur le tobogan de Zeltweg qu’eurent lieu les débuts effectifs, en Intersérie. Résultat: une solide 6e place, malgré un arrêt au stand pour faire essuyer son pare-brise maculé d’huile par un concurrent venant d’exploser son moteur devant lui. Parti 5e sur la grille, Salamin se situait à seulement 3 secondes des meilleurs en course et une quinzaine de secondes plus vite qu’avec son ancienne Porsche 935. Victoire pour Weidler et nouveau titre pour Walter Lechner en Intersérie, Salamin terminant au 12e rang final, grâce également aux résultats précédement obtenus avec la Sauber Sehcar.

Lointain déplacement en Afrique du Sud pour la dernière épreuve de la saison – qui devait initialement compter pour le championnat du monde – se déroulant à Kyalami. Les Porsche 962 allaient se tailler la part du lion en trustant toutes les premières places: Salamin (10e des essais juste derrière Winter / Jelinski et devant Hytten / Briggs) s’accrochait au wagon en ayant l’immense satisfaction de terminer 6e (et premier pilote suisse, devant le tessinois Jean-Pierre Frey et sa Lancia LC2) d’une épreuve disputée en deux manches et remportée par Jochen Mass profitant d’une panne d’essence de Bob Wollek (2e) qu’il doubla dans le dernier tour. Suivent, le régional de l’étape Van der Merwe (3e), Winter / Jelinski (4es) et Lechner / Franzmaier (5es).

Au vu des résultats probants pour ce programme final concocté par l’usine, la mission pouvait donc être considérée comme acomplie pour ce retour au bercail chez Porsche, avant de remettre l’ouvrage sur le métier, pour une saison complète cette fois en 1988.

Cette course fut la dernière épreuve internationale à se disputer sur le très rapide tracé de Kyalami d’une longueur de 4,104 km qui cédera sa place l’année suivante à un circuit quelque peu rallongé mais plus sinueux et tournant dans le sens inverse.

Cette Porsche 962 représentait le nec plus ultra. Digne héritière de la 956 (qui avait entamé sa carrière en 1982), elle en était l’aboutissement: un poids de 873 kilos pour une puissance de 700 à 756 chevaux selon la motorisation double turbo et injection Motronic 1.2. Vitesse de pointe: 373 km/h. L’usine Porsche engageait des équipes privées par pays pour la représenter à tous les niveaux: championnat du monde d’endurance, Intersérie, Supercup. Le «Swiss Team Salamin» (doté du No de licence internationale FIA No 55) qui avait été créé à cet effet, avait le privilège de faire partie de ce cercle restreint, au sein de la famille Porsche.