SAISON 1990

championnat du monde des sport-prototypes

équipe: Swiss Team Salamin

principaux pilotes (Porsche No 39)

Antoine Salamin (SUI)

Luigi Taverna (ITA)

Max Cohen-Olivar (FRA)

pilotes additionnels

Hakihiko Nakaya (JPN)

Volker Weidler (RFA)

Antoine Salamin

Luigi Taverna

Max Cohen-Olivar

LES TEMPS FORTS

Mise à niveau

C’est avec impatience qu’était attendue la nouvelle venue, pour la mi-mars: la dernière évolution usine de la Porsche 962 C. Si le moteur était le même que celui apparu en cours de saison passée, la gestion électronique était assurée par le Motronic 1.7, améliorant le système complet avec envoi des informations par télémétrie en temps réel avec possibilité de correction à distance depuis les box. Un roulage effectué sur le circuit de Weissach avait enchanté Salamin qui découvrait un véhicule à la puissance ainsi qu’à la tenue de route améliorées.  La carrosserie avait également évolué en améliorant le passage de flux d’air pour le refroidissement des radiateurs d’huile et d’eau ainsi que pour l’échangeur des turbos. Refonte de l’organisation de l’équipe avec du personnel recruté dont un ingénieur travaillant à plein temps, ainsi qu’une 2e équipe de mécaniciens basée à Spa, afin de permettre un retour de courses soit en Belgique, soit en Suisse, en fonction des déplacements à prévoir.

Comme l’an passé, le «Swiss Team Salamin» s’était fait représenter à Suzuka en inscrivant cette fois Akihiko Nakaya et Volker Weidler qui terminèrent à la 10e place.

Ce sont donc les 480 km de Monza qui marquaient le véritable début du championnat du monde des Sport-Prototypes où toutes les équipes de pointe présentaient des voitures millésimées 1990, contrairement au Japon.  Salamin était quelque peu anxieux pour reprendre le volant après sa cabriole de Mexico l’an passé. Finalement tout se passa bien pour le pilote suisse associé à l’italien Luigi – dit «Gigi» – Taverna qui surent gérer au mieux leur consommation d’essence pour ne pas tomber en panne et ils finirent bons 16es, sur une quarantaine de participants.

A Silverstone, c’est un problème de pression d’huile de la boîte de vitesses, qui, n’ayant été décelé que trop peu de temps avant le départ par les mécaniciens, ne permit pas de prendre part à la course.

Une question de moteur

La 4e manche se déroulait dans les Ardennes sur le circuit de Spa-Francorchamps, par un temps capricieux. Lors des premiers tours chronométrés des essais, Salamin ressentit une violente vibration à l’arrière et coupa le moteur tout de suite.  Une bielle avait traversé le bloc – moteur! «Chute de pression d’huile subite à 7’300 t/min, sans aucune faute du pilote», telle fut l’explication donnée par l’ordinateur Porsche. Après avoir dû faire l’impasse sur la journée de vendredi, et sous la pession de leur commanditaire, «Giordano, Italian Wines & Food», une solution de rechange allait être trouvée, en louant le moteur de réserve du Team Davey, qui exigea une limitation à 8’000 t/min et une pression de turbo minimale. Le montage fut terminé de justesse pour les derniers essais et nécessita encore quelques réglages (accélérateur qui n’ouvrait pas à fond) avant de reprendre la piste pour les ultimes tours. A sa descente de voiture, Salamin était fou de joie de s’être qualifié… époustouflé par la puissance de ce moteur, en plaisantant avec Jürgen Barth qui répondit par un sourire… L’équipage italo – suisse allait toutefois devoir partir de la dernière place de la grille (32e). Très vite remontés jusqu’en 24e position, les pilotes étaient alors confrontés aux mauvaises conditions atmosphériques – passant de la pluie à l’assèchement partiel – et des choix de pneumatiques inverses, forçant la 962 à deux arrêts supplémentaires au stand leur faisant perdre une bonne dizaine de minutes…. pour finir à la 21e place.

Après la – scandaleuse – annulation de l’épreuve de Jarama par la FIA une semaine à peine avant sa tenue, rendez-vous en Bourgogne. Le moteur cassé à Spa, révisé par l’usine, était livré le mardi précédant la course de Dijon. Bien que terminée à la hâte, la 962 était prête pour les essais avec… des problèmes de turbo, un radiateur percé et un manque de puissance! Un gros travail était fait pour améliorer la Porsche, notamment sur les réglages de suspensions permettant à Salamin / Taverna de se remettre dans le coup pour les essais du lendemain. La course s’annonçait très dure pour tous à cause de la chaleur, mais c’est un accrochage au départ, en pleine ligne droite, entre la Porsche Lloyd de Reuter et la Porsche Obermaier de Grohs, qui entraînait l’interruption immédiate de l’épreuve. Après 15 minutes d’arrêt, nouveau départ. Salamin / Taverna effectuaient une course régulière, à part un coupe-circuit récalcitrant faisant perdre une vingtaine de secondes lors du premier relais. Leur monture allait les mener au 22e rang, devant la Porsche 962 des frères Alméras, et la Kremer du Sud-Africain Van der Merwe, et juste derrière la Nissan «usine» de Acheson / Brancatelli. John Salmona – le nouveau manager du Team – était satisfait du résultat. A noter qu’un débutant dans cette discipline allait crever l’écran: un certain Michael Schumacher, associé à Jochen Mass, terminait 2e, derrière Schlesser / Baldi, tous sur Sauber Mercedes.

Pour la fin de saison, c’est Max Cohen-Olivar qui se joignait à l’équipe, en remplacement de Luigi Taverna, son sponsor ayant fait défection. C’est donc sous les couleurs de Primagaz que se poursuivait le championnat pour les 480 km du Nürburgring en Allemagne, achevés à la 20e place, avant d’enchaîner avec Donington Park en Angleterre, début septembre. Alors bon 14e, Salamin, qui était à fond de 5e dans une courbe à gauche perdit une roue! Ayant senti sa voiture se délester, il eut le réflexe – salvateur – de couper tout droit en évitant de rentrer de plein fouet dans le mur… Après cette mésaventure lui ayant fait perdre près de 5 tours, l’équipage fut donc relégué au 19e rang final.

Drame sur l’île

Gâce au soutien de Primagaz, et de Jacques Petitjean en particulier, la participation aux deux dernières épreuves de la saison était désormais acquise. Quelques jours avant le départ pour Montréal, un accord fut trouvé avec Peugeot pour le transport de la 962 du «Swiss Team Salamin» afin de limiter les coûts.  C’était effectivement les grands débuts de la marque de Sochaux avec sa 905 confiée à Rosberg et Jabouille qui allaient souffrir… en qualification (12e) comme en course (abandon), mais ce n’était que partie remise. C’était également la première fois que le championnat du monde des Sport-Prototypes faisait escale sur l’île Notre-Dame, plus habituée aux formules 1, pour un week-end qui allait être d’une intensité dramatique. Un premier jour d’essais plutôt poussiéreux avec une valse de tête-à-queue et sorties de piste, sans trop de gravité. Le lendemain, ce fut une forte averse qui perturba la dernière séance en forçant tous les véhicules à rentrer… alors que Walter Brun, qui avait fait l’impasse sur la journée du vendredi en laissant tourner Pareja, se retrouvait non-qualifié! Ciel bleu pour le départ de la course. Première chaleur pour l’ALD de Migault dont un disque de freins se coinçant envoya la voiture française dans le mur de béton: drapeau rouge et pace car pendant 7 tours. Après le feu vert, léger accrochage entre la Spice et la Peugeot, sans trop de conséquence, mais un problème d’alimentation en essence immobilisera Rosbeg pour de bon. Cette seconde sortie de la voiture de sécurité fit le jeu des Porsche 962, qui affranchies de leur soucis de consommation allaient se retrouver aux avant-postes. Il y avait un gros coup à jouer lorsque des nuages noirs commençaient à s’amonceler sérieusement… Mais c’est un autre fait qui allait pimenter la situation mais aussi mettre un terme à la course. Flash-back: aux essais déjà, Antoine Salamin avait noté que Bob Wollek faisait de curieux zig-zag sur la piste en certains endroits, une manière de lui signifier un danger, celui des plaques d’égoût parsemant le circuit. Bien lui en pris… Retour au 61e tour de course avec une grosse colonne de fumée noire s’élevant à quelques centaines de mètres à l’autre extrêmité du circuit depuis les stands. Sur les écrans, le spectacle dramatique de deux épaves immobilisées en travers de la piste avec une troisième en feu le long des rails! Une Porsche… Impossible sur le moment de savoir de qui il s’agissait… L’angoisse à son comble… Quelques instants plus tard, les caméras de TV retrouvaient les trois pilotes impliqués… Jesus Pareja, furieux, avait dû lui même s’extraire de sa voiture en flammes, le visage brûlé, et rentrer à pied vers les stands… les secours n’étant pas là! L’origine de l’accident: un passage de la Cougar de Denis Morin sur une plaque d’égout qui se retourna en endommageant l’arrière de la voiture française qui échappa au contrôle de son pilote; Pareja qui le suivait ramassa la plaque qui pulvérisa l’avant-droit de sa Porsche, elle-même percutée par celle de Huysmann! Le tout à 250 km/h… Beaucoup de casse pour Walter Brun qui perdait deux de ses voitures ainsi que pour Yves Courage, qui intentèrent un procès contre l’organisateur de la course. Ce sénario ne permit pas à l’équipe d’Antoine Salamin et de Max Cohen-Olivar de réaliser le classement qu’ils espéraient (ils terminèrent 20es), comptabilisé avant l’interruption de la course qui ne repartit plus, les conditions de sécurité n’étant pas de mise…

Retour à Mexico

L’épilogue de cette saison se déroula à Mexico, où Salamin avait connu son spectaculaire accident l’an passé. De quoi avoir de l’appréhension… Et pourtant tout se passait très bien, avec une course intéressante aux conditions météorologiques changeantes. Salamin / Cohen-Olivar tenaient bien le rythme (en 15e position), lorsque la boîte de vitesses cassa, provoquant leur abandon. A l’issue de cette saison au niveau très relevé, dans un championnat désormais fait pour les grands constructeurs, les Porsche 962 privées – qui constituaient pourtant jusqu’alors la majorité du plateau – souffraient de plus en plus, le réglement les pénalisant au profit des légères et agiles entités atmosphériques, appelées des voeux de la FIA à devenir le soi-disant «futur» de l’endurance… Mais déjà les premiers désistements se préparaient en coulisses, les budgets pharaoniques étant de moins en moins en adéquation avec les considérations sportives… Les cartes allaient-t-elles être rebattues pour 1991?

championnat du monde des sport-prototypes

Suzuka 480 km (JPN)

date: 08.04.1990 | No: 39

10e (Nakaya / Weidler)

Monza 480 km (ITA)

date: 29.04.1990 | No: 39

16e (Salamin / Taverna)

Silverstone 480 km (GBR)

date: 20.05.1990 | No: 39

non-partant (Salamin / Taverna)

Spa Francorchamps 480 km (BEL)

date: 03.06.1990 | No: 39

21e (Salamin / Taverna)

Dijon 480 km (FRA)

date: 22.07.1990 | No: 39

22e (Salamin / Taverna)

Nürburgring 480 km (RFA)

date: 19.08.1990 | No: 39

20e (Salamin / Cohen-Olivar)

Donington Park 480 km (GBR)

date: 02.09.1990 | No: 39

19e (Salamin / Cohen-Olivar)

Montréal 480 km (CAN)

date: 23.09.1990 | No: 39

20e (Salamin / Cohen-Olivar)

Mexico 480 km (MEX)

date: 07.10.1990 | No: 39

abandon (Salamin / Cohen-Olivar)