SAISON 1989

championnat du monde des sport-prototypes

équipe: Swiss Team Salamin

principaux pilotes (Porsche No 40)

Antoine Salamin (SUI)

Max Cohen-Olivar (FRA)

Giovanni Lavaggi (ITA)

pilotes additionnels

Kazuo Mogi (JPN)

Kenji Takahashi (JPN)

Walter Lechner (AUT)

Ernst Franzmaier (AUT)

Nouvelle décoration mais toujours le moteur 2.8 litres pour certaines manches de la saison et l’injection électronique 1.2 «améliorée» en attendant la 1.7… pour 1990!

Antoine Salamin

Max Cohen-Olivar

Giovanni Lavaggi

LES TEMPS FORTS

Nouvelle livrée et changement de réglementation

Une nouvelle décoration – très bien réussie et médiatisée qui deviendra emblématique du «Swiss Team Salamin» – se dévoilait sur la Porsche 962 qui allait en découdre sur tous les circuits avec un programme similaire à l’année précédente: championnat du monde des Sport-Prototypes, Intersérie et Supercup.

En cette année 1989, les changements au réglement de l’endurance (rebaptisée «Championnat du Monde des Sport-Prototypes») étaient nombreux, dans le but d’attirer les grands constructeurs et de favoriser les retransmissions TV en direct. Ce nouvel âge d’or avait toutefois un prix: avec l’adoption de budgets gigantesques pour arracher la victoire, les petites équipes allaient inévitablement souffrir.  La durée des épreuves avait été fortement réduite, passant de 1000 à 480 km. Avec comme conséquence, moins de pilotes engagés (2 par épreuves pour les relais au lieu de 3) et donc… moins de rentrées financières pour les équipes, chaque pilote amenant ses sponsors et payant pour sa place, par course… Autre facteur à prendre en considération et pénalisant en particulier les Porsche: la limitation d’essence pour les moteurs turbos (51 litres aux 100 km) afin de favoriser les moteurs athmosphériques (allocation libre) de la nouvelle génération (3.5 litres) des C2, qui effectuaient jusqu’à 2 arrêts ravitaillement en moins, devenant parfois des concurrents directs de la catégorie reine C1. En outre, le poids minimum requis était fixé à 750 kilos pour les athmosphériques et 900 kg pour les turbos. Les participants devaient effectuer la totalité des épreuves (à l’exclusion éventuelle d’une épreuve européenne en guise de joker) inscrites au championnat du monde, sous peine d’amende de… 250’000 $ U.S. par voiture et par épreuve!

En guise d’entrée en matière, et afin d’éviter le coûteux déplacement de Suzuka, ce sont les pilotes locaux Kazao Mogi et Kenji Takahashi qui représentèrent le «Swiss Team Salamin» (16e place), sur la piste niponne, avec le No 40. A noter que sur l’inscription initiale figurait comme 3e pilote un certain… Ukyo Katayama.

Pour les épreuves de Supercup et d’Intersérie, c’est Antoine Salamin qui se chargea de la besogne, avec de bons résultats. Lors de l’ouverture de la Supercup au Nürburgring, les 29 et 30 avril, en terminant 6e, il fut le meilleur représentant helvète dans une épreuve dominée par les Porsche 962 dont celle – victorieuse – de l’Alsacien Bob Wollek. Toujours en Supercup, ce bon résultat obtenu en Allemagne était confirmé par la 7e place du Supersprint de Silverstone à la mi-mai, avec en prime un test de… double-pneus!

Après des essais effectués à Dijon, nouvelle épreuve de championnat du monde sur ce même circuit, avec l’engagement de la Porsche No 41 de Lechner / Franzmaier en plus de la No 40 de Salamin / Cohen-Olivar pour le «Swiss Team», finissants respectivement 12es et 21es. La Porsche No 40 pointa même en 11e position entre le 45e et le 52 tour de l’épreuve, mais elle rétrograda ensuite. Pour sa part, Wollek avait de nouveau triomphé – à la surprise générale – sur sa 962 «Joest» très modifiée par rapport au modèle de base.

Antoine Salamin, Max Cohen-Olivar et (comme 3e pilote) Noël Del-Bello, étaient bien inscrits pour participer aux 24 heures du Mans sur la Porsche No 40. Mais suite à un désaccord entre la FIA et l’ACO, l’épreuve ne pouvant plus faire partie du championnat du monde, l’équipe se désista finalement.

En juin, pour le 20e anniversaire de l’Intersérie (1970-1989), à Zeltweg, c’est un podium (3e) qui récompensa Salamin derrière Lechner (1er) et Dahmen (2e), tous sur des Porsche 962. Pas le temps de se reposer pour enchaîner la semaine suivante avec la Supercup pour les «200 Meilen Von Nürnberg» au Norisring, qui avait été préférée à l’épreuve WSPC de Jarama se déroulant à la même date. Après avoir dû troquer le moteur 3.0 litres contre un 2.8 au terme des qualifications, il fallut se contenter d’un 9e rang final.

De la «Bérézina» de Brands Hatch à la restructuration de Spa

Après une escale à Wunstorf et une 4e place en Intersérie, retour en championnat du monde à Brands Hatch. La foule des grands jours, beaucoup d’engagés (43 dont 36 réussiront à se qualifier), des pilotes de F1 (une quinzaine), des grands constructeurs (Mercedes / Jaguar / Aston Martin / Mazda / Nissan / Lancia… en plus des Porsche), et donc des luttes à tous les niveaux… voilà pour le décor. La 962 du «Swiss Team», conduite par Salamin / Lavaggi était qualifiée 27e, devant la Lancia de Giacomelli / Monti et la Porsche 962 des frères Alméras. Pour la Porsche encore équipée d’un moteur 2.8 litres (avec le boîtier électronique Motronic 1.2 au lieu du 1.7 pour les Porsche de pointe) dégonflé initialement prévu pour le Mans (qui se déroula hors championnat) et face aux 3.0 litres des autres Porsche, des 5 litres des Sauber – Mercedes, des 6 litres des Aston Martin, des 3.2 litres Ferrari de la Lancia etc…la tâche s’avérait d’emblée ardue. Un week-end à oublier qui failli virer au drame: abandon à la suite de la perte d’une roue (l’équipage italo-suisse était alors placé en une bonne 13e position), avec du personnel malade (épidémie de fièvre à 40°) et un arrêt au stand avec retour de flamme lors du dégazage sur un mécanicien brûlé au visage et à la main qui sera acheminé de toute urgence à l’hôpital…

La situation n’allait pas s’arranger pour l’étape suivante de ces joutes, au Nürburgring: casse moteur après un tête-à-queue et une excursion hors piste pour Salamin / Cohen-Olivar qui s’étaient élancés de la 27e position sur la grille, juste devant Thuner / Ballot-Lena.

Vinrent ensuite en septembre les épreuves de Donington et Spa avec une 16e place à chaque fois, toujours pour le même équipage franco-suisse. A Francorchamps, une équipe de mécaniciens de Malmédy avait été engagée par le team, en manque d’effectif, pour lui prêter main-forte. L’expérience concluante sera renouvellée pour la plupart des épreuves dès l’année suivante. Retour au Nürburgring pour la Supercup: 9e place.

Coup dur à Mexico et nouveaux espoirs

En cette année 1989, la surrenchère sévissant parmi les voitures de collection n’avait pas épargné le groupe C dont les 962 d’occasion se négociaient aux alentours d’un million de francs suisses. Salamin avait déjà – en début de saison – casé son véhicule destiné à rejoindre un musée scandinave. Il s’agissait donc de finir prudemment avant de reporter ses espoirs sur le nouveau modèle Porche 962 pour 1990, déjà réservé par l’usine. Pour Mexico c’était le champion américain 1982 (IMSA) John Paul Jr, associé à René Herzog, qui devait initialement représenter le «Swiss Team», mais il se désista, la Porsche 962 répondant aux normes IMSA n’étant pas compatible avec le réglement WSPC, suite à l’inspection de M. Schmid de l’usine. C’est donc finalement Salamin et Lavaggi qui débarquèrent sur le continent, pour cette ultime épreuve. En qualifications, la Porsche No 40 avait établi un bon 22e temps et faisait même jeu égal, dans certains passages avec la Jaguar de Patrick Tambay. Vendredi, vers la fin de la dernière séance de qualification, ce dernier vira dangereusement au sortir de la «Peraltada» – virage relevé très rapide débouchant sur la ligne droite – en se rabattant sur Salamin qui s’était pourtant écarté pour le laisser passer. La Jaguar vint heurter la Porsche sur le côté à hauteur de portière, ce qui l’expédia en pleine vitesse dans la ligne droite le long du mur de chronométrage… un retour de muret éjecta la 962 dans les airs… la scène se déroulant à prés de 300 km/h… Après plusieurs chocs successifs, le véhicule s’immobilisa très loin du premier point d’impact, dans un mélange de poussière et de débris virevoltants dans la chaleur mexicaine… Les quelques instants de stupeur passés pour les spectateurs de la scène, après avoir pu croire à une issue fatale, le pilote suisse allait s’extraire – tout seul – de ce qu’il restait de son véhicule… et s’en alla dans le stand Jaguar dire ce qu’il pensait de cette manoeuvre incompréhensible et dangereuse… L’ex-pilote de F1, dont la Jaguar était intacte, écopa pour son geste d’un blâme et d’une amende de 15’000 $ U.S. en s’excusant… De retour à l’aéroport, Salamin commençait à prendre la mesure de ce qui s’était passé: les images de l’accident étaient diffusées en boucle sur les écrans et les pilotes – dont Henri Pescarolo –  s’enquéraient de son état de santé. Antoine, courbaturé et contusionné d’un peu partout n’avait qu’un objectif en tête: regagner la Suisse au plus vite et rebondir pour trouver une issue à cette situation pouvant mettre en péril l’avenir de toute son équipe. La parenthèse refermée, il fallut se retrousser les manches pour, avec le précieux soutien de l’indéfectible Jürgen Barth, reconstruire complètement la Porsche 962, en y réintégrant le moteur initial de 2,8 litres. Après cette réparation exemplaire, elle put – enfin – rejoindre son musée…

championnat du monde des sport-prototypes

Suzuka 480 km (JPN)

date: 09.04.1989 | No: 40

16e (Mogi / Takahashi)

Dijon 480 km (FRA)

date: 21.05.1989 | Nos: 40 et 41

12e (Lechner / Franzmaier)

21e (Salamin / Cohen-Olivar)

Brands Hatch 480 km (GBR)

date: 23.07.1989 | No: 40

abandon (Salamin / Lavaggi)

Nürburgring 480 km (RFA)

date: 20.08.1989 | No: 40

abandon (Salamin / Cohen-Olivar)

Donington Park 480 km (GBR)

date: 03.09.1989 | No: 40

16e (Salamin / Cohen-Olivar)

Spa Francorchamps 480 km (BEL)

date: 17.09.1989 | No: 40

16e (Salamin / Cohen-Olivar)

Mexico 480 km (MEX)

date: 29.10.1989 | No: 40

accident aux essais (Salamin / Lavaggi)

coupe d’Europe Intersérie FIA

Zeltweg (AUT)

date: 18.06.1989 | No: 9

3e au classement général

Wunstorf  (RFA)

date: 09.07.1989 | No: 9

4e division I

Supercup

Nürburgring (RFA)

date: 30.04.1989 | No: 8

6e au classement général

Silverstone (GBR)

date: 14.05.1989 | No: 8

7e au classement général

Norisring (RFA)

date: 25.06.1989 | No: 8

9e au classement général

Nürburgring (RFA)

date: 24.09.1989 | No: 8

9e de la catégorie C1

distinctions

6e au classement général de la Supercup

7e au classement général de l’Intersérie coupe d’Europe FIA

Supercup à Silverstone avec un test de double – pneus et de très bons résultats tout au long de la saison.

Championnat du monde à Dijon avec l’engagement de deux voitures pour le «Swiss Team Salamin» munies des Nos 40 et 41.

Ambiance aux «200 Meilen Von Nürnberg»: avant le départ avec les «grid-girls», lors du tour de chauffe et en course, avec des tribunes pleines «à craquer»!

Intersérie: ici lors de la manche de Wunstorf, précédée d’un podium obtenu à Zeltweg.

La perte d’une roue qui mit fin à la course de Brands Hatch: un week-end qui avait très mal commencé avec un mécanicien brûlé au visage ainsi qu’à la main lors d’un dégazage dans les stands.

Tête-à-queue au Nürburgring avant l’abandon sur casse moteur.

C’est à Donington et ici à Spa que la paire Salamin / Cohen-Olivar s’en sortit le mieux en championnat du monde.

En images, le terrible accident de Mexico: le premier contact, l’impact principal contre le mur en béton, et la suite de la cabriole… Par chance, le pilote s’en sortit indemne et la Porsche 962 fut entièrement reconstruite pour regagner le musée!