SAISON 1982

Après un certain nombre de modifications par rapport à l’an passé, avec la refonte complète de l’annexe «J» du réglement, les quatre titres nationaux seront attribués, au terme de cinq manches en circuit et des six courses de côte, comme suit: celui des «voitures de série» (groupe A), celui des «voitures spéciales» (groupe B), celui des «voitures de compétition» (groupe C, soit 4, 5 et 6), et celui des monoplaces (formules).

Inscrit dans la catégorie «voitures de compétition», Antoine Salamin venait de faire l’acquisition d’un moteur double turbo directement sorti de l’usine Porsche et développant 700 chevaux, qu’il testa à d’abord à Hockenheim lors de la «Saisonerhöffnung», sur le petit circuit et sous la pluie, puis à Dijon. Avant d’embarquer pour le début des hostilités en championnat suisse à nouveau à Dijon, une fissure du moyeu principal était décelée. Outre les forfaits de Brandenberger (moteur cassé) et Calderari, tout deux sur BMW M1, celui de Salamin plombait le début de saison.

Ce n’est qu’à Zeltweg, pour la 3e manche du championnat suisse groupe C, qu’il réapparut pour triompher en terre autrichienne au classement général, avec le meilleur tour, et devant une cohorte de protos sport 2000 emmenés par le viégeois Beat Blatter. D’abord inscrit aux 24 heures du Mans par le biais d’une organisation française, Salamin déclina finalement l’offre et renonça pour se concentrer sur la suite du championnat suisse circuit.

Les 4e et 5e manches avaient toutes deux lieu à Hockenheim. Le 11 juillet, sur le petit circuit, il dut lever le pied en fin de course, le moteur commençant à faiblir, victime d’un cylindre endommagé, pour terminer deuxième. Classement identique pour la manche suivante, cette fois sur le grand circuit, deux semaines avant la venue du grand-prix de F1 sur la même piste.

Unique apparition de l’année en course de côte à Anzère pour l’imposante Porsche 935 chaussée de pneus Avon pour la circonstance. Victoire de classe pour ce bolide surpuissant taillé pour le circuit, pas particulièrement à l’aise dans les tracés sinueux et étroits…

Après avoir monté deux nouveaux turbos (venus de chez Kremer) dans la Porsche qui retrouva un second souffle, direction Hockenheim pour la dernière sortie de la saison. Pour cette épreuve de 3 heures (soit 64 tours, avec des vitesses de pointe à 305 km/h) Salamin associé à l’Alémanique Pierre Schaerer, allaient en être les grands triomphateurs. Pole position et victoire au classement général, malgré deux arrêts ravitaillements contre un seul pour la concurence, dont les principaux rivaux, Dürig / Gygax, sur leur BMW, poussés à la panne séche…

championnat suisse groupe 5/81

circuits

Hockenheim (ouverture, hors championnat)

date: 21.03.1982 | No: 89

1er

Lignières

date: 24.04.1982 | No: 58

 

Dijon

date: 09.05.1982 | No: 66

forfait

Zeltweg

date: 29-30.05.1982 | No: 7

1er

Hockenheim

date: 11.07.1982 | No: 149

2e

Hockenheim

date: 25.07.1982 | No: 98

2e

Dijon

date: 28-29.08.1982 | No: 43

non-partant

Hockenheim 3 heures

date: 09-10.10.1982 | No: 136

1er au classement général

courses de côte

Ayent-Anzère

date: 01.08.1982 | No: 251

1er

slaloms

Sion

date: 16.05.1982 | No: 80

 

distinctions

4e du championnat suisse «voitures de compétition»

vainqueur challenge international circuit (Ecurie 13 Etoiles)

Après celle obtenue à Hockenheim en ouverture de saison, nouvelle victoire cette fois-ci sur le toboggan de Zeltweg…

…mais ce ne fut pas forcément facile comme en témoigne ce cliché avec un proto en perdition!

A Hockenheim, la Porsche 935 (Gr. 5) côte à côte avec une Osella (Gr. 6), réunies au sein du tout nouveau groupe C.

Victoire en course de côte également, à Ayent – Anzère.

Triomphe au «scratch» et sous la pluie pour l’équipage Antoine Salamin / Pierre Schaerer lors des 3 heures d’Hockenheim. Une première consécration qui ne restera pas sans suite!

TEMPS FORTS

Paris – Dakar

Le rallye raid Paris – Dakar 1982, pour sa 4e édition, se déroulant sur 20 jours et 10’000 km était déjà considéré comme le rallye le plus dur du monde. Du 1er au 20 janvier, les concurrents partaient au coeur de l’hiver, sur des routes enneigées, pour affronter ensuite l’implacable soleil du ciel saharien. L’équipage No 310, du Toyota Hi-Lux engagé par l’écurie 13 Etoiles était composé d’Antoine Salamin et d’Etienne Poncioni de Genève, alors vice-président de la Cité de Calvin. L’engin, un Toyota Hi-Lux de 2000 cm3, doubles arbres à cames en tête, spécialement préparé chez Emil Frey, développait 155 cv avec un poids de 1600 kg à plein. Sans assistance sur place, il fallut emporter les provisions d’usage, 3 réservoirs d’essence représentant une autonomie de 300 litres, de la nouriture pour une semaine,un chalumeau etc… , le poids total avoisinant alors les 2000 kg. A noter au niveau de la représentation suisse la présence du skieur Bernard Russi sur Subaru.

Le premier obstacle ne venait pas du désert mais du contrôle technique à Paris: sur dénonciation de l’écurie Fougerousse, l’une des favorites de l’épreuve, la Toyota était interdite de départ pour non-conformité de l’arceau de sécurité. L’assistance Daihatsu suisse vint en aide dans les temps impartis aux réparations et modifications de dernière minute pour souder une barre de sécurité sur le côté droit de la machine et permettre de se présenter au départ.

Partis avec le No 310, l’équipage se pointait d’emblée lors du prologue des Garrigues et au classement général à Sète en 13e position, notamment devant les frères Marreau (vainqueurs de l’édition du Dakar 1980 et futurs vainqueurs 1982, alors 18es, sur Renault 20 Turbo 4×4), Jacky Ickx / Claude Brasseur (19es, sur Mercedes), et Vick Elford (20e, sur Subaru).

Descendue du cargo en provenance de Sète, la folle caravanne du Paris – Alger – Dakar et ses près de 400 véhicules (autos, motos, camions) à 2, 4, 6, et 8 roues débarquait alors sur le sol algérien. Pour le 2e jour de course, partant d’Alger, 2 épreuves spéciales: l’une le matin, de 65 km, avec un 12e rang à la clé, l’autre l’après-midi, de 165 km, déjà dans le désert avec un 18e rang, de loin les meilleurs suisses au classement. Le lendemain, ils étaient 21es, juste devant l’équipage Metge / Giroux (vainqueurs en 1981) et Migault / Migault. Après un problème de moteur sorti de son support, ce qui nécessita une réparation d’une heure, l’équipage continuait sur sa lancée en reculant quelque peu au 24e rang au 4e jour, en ayant levé le pied, sur les conseils de Forclaz / Reverberi, autres Valaisans prenant part à l’aventure sur Daihatsu.

Au 6e jour (soit le 7 janvier), une étape de 728 km était au programme. Repartis 24es, Salamin / Poncioni remontaient un à un les concurents, tambour battant: après avoir dans un premier temps doublé huit véhicules et frôlé la catastrophe en dépassant le camion des organisateurs, une place dans les 10 premiers (7e) se dessinait alors qu’il ne restait plus qu’une dizaine de kilomètres avant l’arrivée de l’étape. Tout en godillant dans les dunes, la direction ne répondit plus: vol plané et 2 tonneaux… direction hors d’usage et panne électrique… D’abord remorqué, l’équipage, indemne, trouva alors, à 3 heures du matin, 2 boulons de direction sur un Toyota mis hors course. L’arrêt définitif sera pour le lendemain de la cabriole: après 40 km, le véhicule s’arrête en plein désert, près d’une compagnie pétrolifère. La Toyota sera pillée (pare-chocs, rétroviseurs etc…) et devant cette situation inédite, l’équipage (alors porté disparu dans la presse!) décida de distribuer le solde de nourriture avant de rentrer à Tamanrasset et pouvoir donner des nouvelles rassurantes.

Il faut dire que cette édition du Paris – Dakar avait été particulièrement macabre avec déjà 2 morts et de nombreux blessés, avant même la moitié de l’épreuve. Le motard hollandais Bert Oosterhuis, qui avait chuté avant Tamanrasset, n’avait pu être sauvé malgré une intervention de l’équipe médicale à même la caillasse, alors que la journaliste suisse de l’hebdomadaire «Le Point», Ursula Zentsch, qui avait pris place dans un camion de ravitaillement en essence fut tuée sur le coup lorsque ce dernier s’était renversé à 30 mètres de la piste. Tirs de barrage à Hassi-Messaoud, Mark Thatcher perdu dans le désert (entre affaire de famille et affaire d’état pour le fils de Margaret, alors elle-même 1er ministre du Royaume – Uni), un enfant malien renversé par une voiture…tels étaient les titres de la presse omniprésente sur le terrain pour ce qui était devenu, en 3 ans d’existence seulement, l’événement numéro un des raids africains.

Quelques années plus tard , lors de la remise des prix de la Porsche Cup mondiale, Jacky Ickx était l’ambassadeur chargé de l’accueil d’Antoine Salamin, alors en retard et quelque peu gêné. Ce dernier dit alors: «Moi je vous connais, mais vous ne me connaissez sûrement pas!». Le champion belge (également vainqueur du Dakar 1983) rétorqua au contraire qu’il n’avait pas oublié le Paris – Dakar 1982, lorsqu’il s’était vu dépasser, dans la poussière du désert, par un Toyota Hi-Lux…

Le parcours du rallye Paris – Alger – Dakar, année 1982: l’aventure peut commencer!

Comme en témoigne ce cliché, le Paris-Dakar ne fut pas une promenade de santé pour l’équipage Salamin / Poncioni, parti avec le No 310 et propulsé dès le début au 13e rang du classement général. Il faut bien admettre aussi que l’expérience de la compétition automobile était un atout indéniable pour un rallye – raid mêlant pilotes, amateurs et célébrités de tous bords…

Images du désert au temps du Dakar: une édition déjà fortement médiatisée qui allait faire couler beaucoup d’encre…